J’ai relu l’excellent ouvrage de Normand Baillargeon, le « Petit cours d’autodéfense intellectuelle ». Ça s’impose, car on nous balance de gauche et de droite tant de chiffres pour tenter de justifier des décisions qui, disons le, ne tiennent pas la route (ni le rail). Élections, interventions, etc. À preuve, cet extrait sur les jeunes Américains tués ou blessés par armes à feu.
Extrait.
Voici un autre exemple ? Joel Best, auteur d’un superbe ouvrage sur les statistiques , raconte qu’il assiste en 1995 à une soutenance de thèse durant laquelle le candidat invoque le fait que depuis 1950 le nombre de jeunes tués ou blessés par armes à feu, aux États-Unis, double à chaque année. Une référence à une revue savante est citée à l’appui de ce fait. Chacun sait que les États-Unis ont un grave problème avec les armes à feu.
Mais, encore une fois avec pour seul outil l’arithmétique, réfléchissons un peu à ce qui est avancé ici. Posons généreusement qu’un seul enfant a été tué par balle en 1950. On aura donc, selon ce qui est affirmé, 2 enfants morts en 1951, puis 4 en 1952, 8 en 1953… Si vous poursuivez, vous arriverez en 1965 à 32 768 morts , ce qui est très certainement bien plus que le nombre total de morts par homicides (enfants aussi bien qu’adultes) aux États-Unis durant toute l’année 1965.
En 1980, on aurait en gros un milliard d’enfants tués, soit plus de quatre fois la population du pays. En 1987, le nombre d’enfant morts par armes à feu aux États-Unis dépasserait ce qui constitue, selon les meilleures estimations disponibles, le nombre total d’êtres humains qui ont vécu sur la terre depuis que notre espèce y est apparue! En 1995, le nombre auquel on aboutit est si énorme qu’on ne rencontre de pareils chiffres qu’en astronomie ou en économie.